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jeudi 6 mai 2021

Un sens aux commémorations des 4 et 5 mai: entre mémoires mortes et mémoires vives !

 Des lectures salutaires, très salutaires:

Très salutaires pour tous ceux qui ignorent l'histoire, qui ont oublié l'histoire ou pire, ceux qui veulent refaire l'histoire !...
Tout le monde devrait avoir lu, sinon lire (il n'est jamais trop tard pour bien faire) ces deux ouvrages. 
Tout le monde, ce sont en priorité tous ces nouveaux "leaders potentiels" qui ont émergé dans les mouvances indépendantistes "kanako-nationalistes" ou "loyalistes"; mais aussi tous ces nouveaux "arrivants" qui ont des opinions bien tranchées sur la situation de Notre Pays et qui n'en connaissent que peu, au mieux les "weeks-ends découvertes" et tous les descendants de colons (dont je suis)...

Quand j'entends certains "leaders potentiels" kanak dire que les trente dernières années n'ont rien apporté de mieux au Peuple Kanak (je l'ai entendu dans des interviews sur Djiido), je suis outré, oui, outré, c'est inconvenant, offensant, pour tous ceux qui se sont battus et sont morts pour l'amélioration du sort des kanak. Je leur dis: relisez ces deux "bouquins", relisez-les et parlez après, mais pas trop fort dans vos prises de paroles (faites preuve d'un peu d'humilité, mais non feinte) !...
Respect, mes frères, pour ceux qui vous ont précédé ! Et, EUX, ont fait progresser la cause de leur peuple, beaucoup en sont morts (*). 
Jean-Marie incompris ? 
Pourquoi avoir assassiné Jean-Marie et Yéyé (**) en 1989 ???
Pourquoi, Djubelly as-tu fais ça, pourquoi, mais POURQUOI ???...

Aux nouveaux leaders "loyalistes" comme à quelques anciens, je dis "lisez d'abord ces deux "bouquins" avant de négocier quoique ce soit avec les représentants du "Peuple Kanak"; ils n'aiment pas cette dernière expression, oui, les loyalistes et Calédonie Ensemble n'évoquent jamais le "Peuple Kanak"; ils n''intègrent pas dans leur corpus lexical, le "Peuple Kanak", pour eux, les Kanak sont une communauté comme une autre !!! C'est une lacune profonde, insondable; une tare !... Une faute fondamentale.

Ces écrits sont des références de très grandes valeurs. Ils éclairent la sombre histoire du passé de Notre Pays et comment ces deux grands leaders charismatiques ont fondé leurs engagements et leurs réflexions.
Ces livres constituent comme un "état des lieux" qui, mis en perspective, permet de dire aujourd'hui que leurs combats ont porté des fruits en faveur du Peuple Kanak. Certes l'indépendance n'est pas encore là, mais les progrès sont considérables; le nier c'est du "révisionnisme de caniveau" ...

On y découvre, derrière un sourire souvent confondu avec une forme de bonhomie, la radicalité de la pensée de Jean-Marie Tjibaou, son engagement total en faveur de son peuple (***). Il porte en lui toute l'injustice dont souffre son peuple.

La pensée profonde de Paul Néaoutyine fondée sur son histoire, un ancrage viscéral dans sa vallée d'Amoa et une conviction forgée à l'aune d'une analyse marxiste revendiquée. 
Son approche de la revendication des terres s'appuyant sur le sens du lien à la terre; complexe à l'image de la société kanak. Pour moi, arrière-petit-fils de colons, j'en percevrais plutôt une ouverture !...

Extraits de ces bouquins de références (pour ceux qui n'ont pas le courage de les lire ...):
Du bouquin de Paul:
> "Nous n'avions pas assez de terre pour vivre, pour faire les champs"...
> "Ces questions n'étaient soulevées que par les gens de la Grande Terre"...
> "Jean-Marie est originaire de Pamalé, il est un descendant des rescapés du massacre de Pamalé en 1917".
> "Moi je préfère parler de lien à la terre...il est nuancé en fonction du contexte historique et des gestes qui ont été faits".
> "Sans doute, notre idéal se réalisera sous une autre forme que ce qu'on a imaginé. Je suis marxiste parce que j'ai adopté l'analyse marxiste... Rien ne vient infirmer la validité de l'analyse marxiste du système capitaliste".
> "Le mouvement nationaliste, par nature, n'est pas nécessairement porteur d'une culture de gauche".
> "Un jour, certainement, il faudra créer un parti politique qui corresponde à la citoyenneté de la Nouvelle-Calédonie".
...
Du bouquin de Jean-Marie:
> "Notre pays est petit, nous voulons, pour les dix ans à venir, que l'effort de rééquilibrage porte sur les infrastructures, sur les équipements pour la santé, l'éducation, la culture et le développement".
> "C'est une poignée de main lourde à gérer pour M. Lafleur comme pour moi-même".
> "Les bagnards étaient des gens qui étaient chassés de France, alors qu'aujourd'hui ils s'appellent les "loyalistes", c'est une dérision de l'Histoire".
> "Nous sommes d'une autre culture que les français. Nous ne sommes pas des Occidentaux, nous sommes du Pacifique".
> "Si j'ai signé, c'est tout bêtement parce qu'il n'y avait plus de sucre, plus de riz...les militaires, l'insécurité...C'était ça ou passer au stade de la guérilla; pour faire ce choix, il faut en avoir les moyens..."
> "En 1975, nous avons monté le festival Mélanésia 2000. Ensuite, avec deux ou trois Caldoches, on a essayé de préparer Calédonia 2000 (prévu pour décembre 1984, puis annulé)".
> "Cela ne signifie pas que les gens sont fermés au dialogue, mais qu'ils ont peur. C'est surtout le vote de la peur".
....
Hommages à ces grands hommes ! Curieusement (?) les titres de ces deux livres portent le mot "présent(ce)" au coeur de leur titre !...

A lire en écoutant "Kamo Pakaavac"; bel hommage à Jean-Marie et Yéyé en mode Kanéka du groupe Cada; des paroles simples mais tellement fortes, "merci Tiendanite", au rythme des bwandjep et de beaux moments instrumentaux ...
Et à écouter avec une humilité emplie d'émotion ...

(*) Paul est toujours là parmi nous; mais quel poids sur ses épaules !
(**) Yéyé avait interpellé des militaires en montrant le drapeau français: "Enlevez ce drapeau qui cache mon soleil"...
(***) Quelle immense fierté pour moi, en toute modestie d'avoir rejoint en 1977, à 25 ans, petit caldoche descendant de colons en quête de vérité sur la réalité de Notre Pays, Jean-Marie, et ses compagnons, tous morts, Yéyé, Eloi, François ... et Pierre Declerq, mon cher mentor; dont le lâche et horrible assassinat m'a blessé à tout jamais ...