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samedi 2 décembre 2023

ET si ? ... L'indépendance !

 Et si l'indépendance en association ou en partenariat avec la France était la seule et la vraie solution dans la résolution de cette quadrature du cercle qu'est l'avenir institutionnel de la Calédonie que j'évoquais dans mon billet précédent !!!
Comme d'autres pays et territoires du Pacifique qui sont dans cette configuration avec La Nouvelle-Zélande, l'Australie ou les Etats-Unis (avec des nuances certes).
Une solution à inventer sans préjugés ! 
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Revenons sur les résultats du deuxième référendum, le plus significatif de tous les référendums, une bonne "référence":
> 180 799 inscrits;
> 154 918 votants soit 85,69 % de participation;
> 153 036 exprimés;
> OUI = 71 533 soit 46,74 %;
> NON = 81 503 soit 53,26 %.
10 000 voix d'écart pour presque 155 000 votants; c'est peu !
Et si nous allons plus loin dans l'analyse en regardant les résultats dans le détail (tribu par tribu par exemple), on peut sans (trop) se tromper affirmer que les Kanak, en tant que Peuple, ont voté d'une seule voix (à plus de 80 %) pour le OUI à l'indépendance.
Il n'y a certainement pas cette unanimité dans le vote Non Kanak; et un nombre probablement non négligeable d'entre eux a pu joindre leur vote à celui des Kanak dans le vote OUI.
Les Kanak changeront-ils d'avis avec le temps en abandonnant la revendication d'indépendance  ? Rien n'est moins sûr !
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L'Etat Français peut-il ignorer cette situation et continuer à passer outre ?
Les Calédoniens peuvent-ils ignorer cette situation et continuer à passer outre ?
Les partis anti-indépendantistes s'acharnent à réclamer le dégel du corps car ils espèrent sans le dire haut et fort ainsi noyer un peu plus l'électorat kanak voire le Peuple Kanak. 
Et il est alors légitime pour les représentants kanak de parler de néo-colonisation; non ?
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Et si le meilleur compromis était une solution d'indépendance "interdépendante" (cf. Jean-Marie Tjibaou) ?!...
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Projetons-nous un peu:
Nous sommes (enfin ?) indépendant !
C'est véritablement une révolution ...
Ce qui n'a plus de raison d'exister:
> Le clivage "pour ou contre l'indépendance" ne peut plus être cette sorte de paradigme de la vie politique calédonienne qui cristallise toutes les oppositions;
> Le FLNKS perd sa raison d'être et perdra plus que sûrement son unité;
> Les Loyalistes n'ont plus de raison d'être "loyaux" sinon envers la nouvelle constitution de Kanaky-Nouvelle-Calédonie (on peut maintenant enlever les parenthèses encadrant Kanaky);
> Les indépendantistes ne peuvent plus parler de la droite locale en évoquant les partis anti-indépendantistes car le "S" de FLNKS sorte de paravent des divisions idéologiques se dissout maintenant dans des positions politiques plus nuancées ou des indépendantistes "de droite" peuvent s'afficher et rejoindre des anciens anti-indépendantistes aux sensibilités plutôt "de gauche";
> Ce faisant, de nouveaux partis tentent d'émerger à la faveur de la rupture de l'opposition indépendantistes VS anti-indépendantistes qui a dominé la vie politique du Pays depuis les années 60. Ces partis rassemblent maintenant largement au-delà des clivages ethniques sur des critères nettement plus programmatiques.
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Ce qui est maintenant la nouvelle donne; perspectives et prospectives:
> Notre Pays a conservé après d'âpres négociations la possibilité d'une double nationalité qui permet aux kanako-néo-calédoniens qui le souhaitent d'avoir accès à la France et à l'UE avec les mêmes avantages qu'actuellement;
> Notre Pays a conservé après d'âpres négociations le maintien d'une monnaie en parité avec l'euro;
> Notre Pays a négocié avec la France une présence militaire raisonnée qui lui assure une protection internationale, une surveillance de sa ZEE et une aide sérieuse en cas de survenue d'épisodes cycloniques, par exemple;
> Kanaky-Nouvelle-Calédonie partage ses compétences en matière de justice et de maintien de l'ordre avec la France;
> L'éducation, compétence du Pays, fait l'objet d'une convention de partenariat avec la France, lui assurant une assistance technique et certaine continuité des formations et des diplômes;
> Le combat pour la survie de nos industries minières et métallurgiques fait rage entre les différentes visions des anciens et nouveaux responsables politiques ayant émergé de la nouvelle organisation politique du Pays; de ce point de vue, le Pays ne va toujours pas bien ! La recherche de nouveaux partenaires divise au-delà des anciens clivages. Les tensions sociales sont fortes;
> Et puis, Notre Pays a du mal a trouvé un équilibre entre les légitimités coutumières, civiles et politiques au-delà de ce qui est écrit dans la nouvelle constitution de Notre nouveau Pays;
> Dans ce dernier cadre, la problématique du foncier reste à stabiliser; des contentieux kanak/kanak et kanak/non-kanak émergent encore.
> Mais la société calédonienne est maintenant plus apaisée, plus consensuelle malgré encore quelques soubresauts ...
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Bon, j'arrête là cette prospective rapide !!!...
Mais on peut ainsi imaginer les bouleversements en positif et en négatif d'un tel changement.
Ce travail de prospective pourrait être mis en oeuvre avec un certain bonheur (j'ose l'écrire) dans le cadre d'une période négociée de transition vers l'indépendance. Période qui serait donc une préfiguration offrant une organisation nous laissant le temps de corriger ce qui pourrait coincer après l'indépendance tout en préparant les esprits, la société, les organisations économiques et sociales, politiques et ... les habitants à cette future petite (?) révolution.
CQFD
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Moi, j'aime bien. Car les plus beaux compromis sont les plus audacieux et Notre Pays en est la démonstration depuis 1988 et la fin des "événements"...

(N.B. Ma réflexion rejoint ici la proposition de l'UNI-Palika d'une période de transition vers une indépendance en partenariat avec la France et celle du Sénat coutumier qui évoque une période de dix ans ou plus précisément de deux "mandatures" avant l'indépendance, pour la préparer...)