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samedi 3 juillet 2010

In memoriam: Papa, Maman; que ne vous ai-je mieux (re)connus !

Faut-il approcher "cahin caha" de la soixantaine pour réaliser que nous av(i)ons des parents,
Là, pas loin, à côté de nous.
L'âge les prend comme il nous prend, ou comme il les a pris, c'est selon.
Ce papa, né à Poindimié, fils de Tchamba,
Dont je ne me souviens si peu ou ce que de vieilles photos me renvoient.
Plus de ressenti, plus de toucher, des peaux mortes, et toujours ces images vieillotes.
Un papa jeune, fringant, sur telle photo ? Un inconnu en vérité !
Evoquer, il faut fermer les yeux et évoquer;
Revoir ces doigts de pieds et ces ongles torturés, qui me fascinaient, son biceps que je trouvais énorme,
Ce doigté à découper la viande, cette facilité à parler "la langue" dans des conversations enflammées;
Avec ses amis indigènes, et dont je n'y comprenais rien ...
Se mémorer ces bagarres simulées, lui tout seul contre ses trois fils ...
En regardant mes ongles de doigts de pieds se déformer
Je me demande encore comment papa pouvait avoir de tels ongles torturés aux doigts de pieds;
D'avoir tant marché pieds nus ou en claquettes sur les crêtes ou au bord de mer, peut-être ?
Et puis maman;
Née à Koné, fille d'Arama;
Toujours là, tellement affaiblie, parfois; tellement forte encore.
J'aimerais tant l'appeler Sophie, pour l'honorer dans ce qu'elle a été, et qu'elle est toujours,
Une femme qui en 88 années de Calédonie, de 1922 à 2010, a tant fait pour accéder à  la dignité.
Eduquer ses enfants, travailler pour devenir quelqu'un, et travailler encore pour gagner sa vie.
Peut-être trop; à oublier de donner un peu de temps à ses enfants ...
Cette maman dont je caresse le dos, vain geste pour soulager sa douleur ...
Mais, père moi-même, l'histoire se répète-t-elle ?
Les gros bisous, les gueulantes, les confidences du grand, les câlins des plus jeunes;
Qu'en restera-t-il, en restera-t-il quelque chose au-delà de ces images maintenant numérisées.
 Et tout à coup, une révélation:
La seule chose qui compte, c'est ce présent, dont je suis encore maître, un peu; avec
Ce que l'on échange, que l'on partage, que l'on donne, que l'on reçoit aussi;
Mais, "hic et nunc" ! Ici et maintenant ! Dans ce temps présent quoique fuyant...
 Honorer la mémoire, comme je le fais, ici, est une ILLUSION qui donne bonne conscience;
Que n'ai-je dit à mon père que je l'aimais, que j'étais fier de lui ... Que je l'admirais.
Illusion ! J'étais incapable de le faire, trop occuper à prouver que j'existais:
Quand,
"Les hormones ou la testostérone vous submergent, l'orgueuil ou la "réussite" vous travaillent, l'argent à gagner, une "situation" à se faire...
Les filles à courir, les garçons à séduire. La vie à pleine dents !
Alors les parents, on y repensera quand on sera vieux".
 Peut-être que mes frères Kanak savent mieux que nous honorer l'âge qui passe.
Et à leur façon, honorer ces pères et ces mères qui passent.
Leurs cimetières ne sont pas beaux clinquants comme les nôtres.
Parce que c'est de leur vivant qu'ils honorent en leur prouvant leur affection,
Ceux qui deviennent leurs Vieux et leurs Vieilles.
Respectables et respectés.
Avant qu'ils ne deviennent ces Anciens mythiques mais non numériques;
Mémoires évoquées pour traditions orales.
 Mais j'aime à croire que par-ci par-là, des pères et des mères un peu "moins jeunes", comme moi-même,
Se prennent à vouloir réveiller ce lien fondamental qui unit les générations,
Même si la vie l'a un peu malmené.
In memoriam !

Morale de cette histoire:
Il est parfois trop tard pour bien faire ...

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