mercredi 4 novembre 2015
Système éducatif calédonien et destin commun: un colloque pour quoi faire ?!
Le titre de ce colloque: "Le système éducatif calédonien à l'heure du destin commun".
Belle ambition !
Par ce billet, je ne souhaite pas remettre en cause la démarche, ni la méthode, voire même le principe. Il y a derrière ce projet, des énergies, de la bonne volonté, de la foi peut-être !
Non, ma réflexion n'est pas sur ce registre ...
A l'occasion de ce colloque, c'est d'abord une étrange impression, une drôle de sensation qui s'impose à moi: celle qu'une grande partie de ma vie défile en accéléré, environ trente années passées à m'occuper d'éducation, d'enseignement !
Et puis, il y a ces mots, ces expressions, ces thèmes, récurrents, mille fois répétés, qui m'ont accompagné tout au long de ce parcours et qui reviennent sans plus rien me dire finalement:
École calédonienne, échec (de qui ?), réussite (pour qui ?), efficacité (ou efficience), adaptation (des programmes par exemple), interculturalité, multiculturalité, sens de l'école, orientation, décrochage, innovation, système éducatif, projet éducatif, projet pédagogique, (les sanglots longs de) l'école de la réussite pour tous, maîtrise de la langue française, FLE (français langue étrangère), FLS (français langue seconde), lutte contre (plein de choses ! L'échec scolaire, l'absentéisme, la déscolarisation, etc.), rythmes (scolaires, biologiques,etc.), culture(s), évaluation (de plein de choses ! Les élèves, les enseignants, les établissements, etc.) ...
...
Je suis entré dans l'enseignement en 1978, il y a bientôt quarante années (en tant que professeur à Touho; mais, en 1957 en tant qu'élève à l'école communale de Poindimié ...) ! Et en tant qu'ancien enseignant, directeur, formateur, parent (de quatre enfants/élèves), militant politique aussi, je ne suis pas certain que beaucoup de choses aient changé ! Je suis mal à l'aise avec tout cela !
Un coup de blues en quelque sorte ...
...
Il y a un malaise ! Non ?
Notre système éducatif a très peu évolué, sinon aux marges. Le nombre d'élèves a augmenté, de nouveaux établissements ont vu le jour, certes, suivant simplement en cela la courbe de l'évolution démographique, c'est quantitatif ! Il y a eu quelques adaptations; mais, qualitativement, c'est-à-dire, dans ses structures, dans ses méthodes, le système est stable. Stable dans ses "performances" à faire échouer et à marginaliser une part critique des enfants de Notre Pays; dans un environnement humain et social qui lui a changé, grandement... et qui reste potentiellement explosif !
...
Si on souhaite assigner la mission sublime à notre système éducatif de creuset du Destin Commun à l'école, je pose deux questions:
Quid de l'apprentissage obligatoire d'une langue du pays (*) par tous les enfants scolarisés (au collège, peut-être) ? Question simple.
Quelle place pour l'acculturation (au sens le plus noble du terme) à l'école (**) ? Question complexe.
Le reste n'est qu'affaire de techniques, de formation initiale des enseignants, de moyens financiers et matériels, de volonté politique ... et d'évolution des mentalités !
...
Les plus beaux projets sont comme les plus belles constitutions des pays et peuvent subir le même sort: rester lettres mortes (et ne pas empêcher l'avènement de dictatures pour les constitutions) !
(*) J'espère que le lecteur ne me fait pas l'offense de penser que je ne sais pas qu'il y a 28 langues kanak; cela n'est pas un obstacle, c'est une difficulté qui demanderait un peu de volonté et d'organisation pour être surmontée !
(**) Acculturation: "processus par lequel un groupe humain assimile tout ou partie des valeurs culturelles d'un autre groupe humain" (Le Petit Robert).
J'entends donc ici l'acculturation comme un processus d'échange équitable entre les différents groupes humains qui composent la (Kanaky-)Nouvelle-Calédonie. Rien à voir avec l'intégration ou l'assimilation par la culture dominante des autres cultures dont l’École actuelle est un vecteur privilégié !
Belle ambition !
Par ce billet, je ne souhaite pas remettre en cause la démarche, ni la méthode, voire même le principe. Il y a derrière ce projet, des énergies, de la bonne volonté, de la foi peut-être !
Non, ma réflexion n'est pas sur ce registre ...
A l'occasion de ce colloque, c'est d'abord une étrange impression, une drôle de sensation qui s'impose à moi: celle qu'une grande partie de ma vie défile en accéléré, environ trente années passées à m'occuper d'éducation, d'enseignement !
Et puis, il y a ces mots, ces expressions, ces thèmes, récurrents, mille fois répétés, qui m'ont accompagné tout au long de ce parcours et qui reviennent sans plus rien me dire finalement:
École calédonienne, échec (de qui ?), réussite (pour qui ?), efficacité (ou efficience), adaptation (des programmes par exemple), interculturalité, multiculturalité, sens de l'école, orientation, décrochage, innovation, système éducatif, projet éducatif, projet pédagogique, (les sanglots longs de) l'école de la réussite pour tous, maîtrise de la langue française, FLE (français langue étrangère), FLS (français langue seconde), lutte contre (plein de choses ! L'échec scolaire, l'absentéisme, la déscolarisation, etc.), rythmes (scolaires, biologiques,etc.), culture(s), évaluation (de plein de choses ! Les élèves, les enseignants, les établissements, etc.) ...
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Je suis entré dans l'enseignement en 1978, il y a bientôt quarante années (en tant que professeur à Touho; mais, en 1957 en tant qu'élève à l'école communale de Poindimié ...) ! Et en tant qu'ancien enseignant, directeur, formateur, parent (de quatre enfants/élèves), militant politique aussi, je ne suis pas certain que beaucoup de choses aient changé ! Je suis mal à l'aise avec tout cela !
Un coup de blues en quelque sorte ...
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Il y a un malaise ! Non ?
Notre système éducatif a très peu évolué, sinon aux marges. Le nombre d'élèves a augmenté, de nouveaux établissements ont vu le jour, certes, suivant simplement en cela la courbe de l'évolution démographique, c'est quantitatif ! Il y a eu quelques adaptations; mais, qualitativement, c'est-à-dire, dans ses structures, dans ses méthodes, le système est stable. Stable dans ses "performances" à faire échouer et à marginaliser une part critique des enfants de Notre Pays; dans un environnement humain et social qui lui a changé, grandement... et qui reste potentiellement explosif !
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Si on souhaite assigner la mission sublime à notre système éducatif de creuset du Destin Commun à l'école, je pose deux questions:
Quid de l'apprentissage obligatoire d'une langue du pays (*) par tous les enfants scolarisés (au collège, peut-être) ? Question simple.
Quelle place pour l'acculturation (au sens le plus noble du terme) à l'école (**) ? Question complexe.
Le reste n'est qu'affaire de techniques, de formation initiale des enseignants, de moyens financiers et matériels, de volonté politique ... et d'évolution des mentalités !
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Les plus beaux projets sont comme les plus belles constitutions des pays et peuvent subir le même sort: rester lettres mortes (et ne pas empêcher l'avènement de dictatures pour les constitutions) !
(*) J'espère que le lecteur ne me fait pas l'offense de penser que je ne sais pas qu'il y a 28 langues kanak; cela n'est pas un obstacle, c'est une difficulté qui demanderait un peu de volonté et d'organisation pour être surmontée !
(**) Acculturation: "processus par lequel un groupe humain assimile tout ou partie des valeurs culturelles d'un autre groupe humain" (Le Petit Robert).
J'entends donc ici l'acculturation comme un processus d'échange équitable entre les différents groupes humains qui composent la (Kanaky-)Nouvelle-Calédonie. Rien à voir avec l'intégration ou l'assimilation par la culture dominante des autres cultures dont l’École actuelle est un vecteur privilégié !