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jeudi 18 décembre 2008

Quelle destinée pour le "Destin Commun" ? 1ère réflexion.

J'ouvre ici une série de réflexions dans des billets qui seront dédiés au concept "sociologico-politique" de "destin Commun" tel qu'inventé par les signataires de l'Accord de Nouméa en 1998. Car il y a longtemps que je réfléchis au sens de cette invention, cet outil conceptuel dont personne ne sait vraiment comment l'utiliser sauf à rester dans la banalité, le slogan ou l'incantation.Ou encore à l'évoquer comme d'un acquis des "zaccords" pour en exiger son application immédiate (respect, civilité ...), ou pour en déplorer les dérapages (délinquance, conflit ethnique ...).

Préalable:
A l'occasion de plusieurs messages, j'ai expliqué le sens de ce blog. A nouveau je tiens à préciser que j'ai toujours été à la fois acteur et observateur de ce qui se passe dans Mon Pays. Pas l'un sans l'autre ou l'autre sans le premier; parfois bénéficiaire de ses bienfaits ou victime de ses méfaits, c'est selon. Mes racines, ethniques, sociales, professionnelles, politiques, familiales voire amicales, s'accrochent partout, sans distingo. J'insiste, peut-être lourdement, car je ne veux pas que l'on considère les réflexions et analyses ou les réactions paraissant dans ce blog comme celles provenant d'un regard extérieur ou pire détaché, irréfléchi ou illégitime, infondé ! Je crains trop les procès d'intention, fréquents chez nous, n'est-ce pas ?
J'ai vécu et je vis Mon Pays, Notre Pays, pleinement, entièrement, "absolument"; depuis près de 57 ans, c'est ce qui fonde ma parole-écriture; car j'aime mon Pays, Lui et Ses Gens, parfois jusqu'à les honnir... Jamais trop longtemps !
Et puis, mon engagement vaut pour mes enfants, pour nos jeunes; sinon devront-ils passer par où nous sommes passés, sans que notre expérience ne leur serve en rien ?


Introduction:
Détour pas les fondamentaux. Le Petit Robert dit:
Destin: "Puissance qui, selon certaines croyances, fixerait de façon irrévocable le cours des événements..."
Commun: "Qui appartient, qui s'applique à plusieurs personnes ou choses".
C'est peu dire de l'ambition qui rapproche ces deux mots, destin et commun ! Et pourtant ces deux définitions comportent en elles-mêmes toutes les ambiguïtés de ce tandem de mots, avec ces mots: " puissance, croyances, irrévocable, événements, appartient, s'applique, plusieurs, personnes, choses". On sent à travers eux, même pris séparément que l'on touche à un domaine que nous ne maîtrisons pas vraiment, que nous subissons ou qui s'impose à nous ...
OR;
L'action politique, la vraie, la sincère, la "bonne action", ne peut se satisfaire de cette approche mystique frôlant l'éxaltation. Cette action, si elle vise l'efficacité, ou à tout le moins dans un champ d'application aussi difficile que complexe, si elle vise un minimum de résultat dans les réalités humaines et sociales de Notre Pays; cette action donc, doit être précédée d'un état des lieux des pratiques culturelles et sociales, des mentalités historiques comme actuelles et s'y ancrer. Et je ne veux surtout pas dire ici qu'il faille encore faire venir des experts en psycho-sociologie pour qu'ils nous analysent ou nous fassent dire ce que l'on a dans le crâne ! On se débrouillera bien mieux entre nous ... Avec nos propres expertises(*).
Mais la réalisation du "Destin Commun" peut-elle être un objectif politique ? ou résulte-t-elle d'un ensemble d'actions politiques ou non ? Le "Destin Commun" n'est-il au "pire" qu'un rêve, "i had a dream ...", au mieux une finalité (qui implique un plan, un dessein) ?
Ou un dessin: tiens! Dessinez-moi le "Destin Commun"... Non ! je n'ai pas dit "un drapeau" !!!

A moins que le "Destin Commun" ne soit qu'un gros leurre, une immense illusion. Car en toute fin de compte, qu'on le veuille ou non, cette communauté de destin(s) est en marche depuis plus de cent cinquante années, non ? Pourquoi cette génération-ci croit-elle pouvoir y changer quoique ce soit ? Poser cette question, c'est déjà commencer à y répondre, à y réfléchir. Car beaucoup au cours de l'histoire de la Nouvelle-Calédonie, ont cru apporter la réponse qui convenait à cette problématique du "vivre ensemble" ou du "destin commun": des missionnaires et des églises, des gouverneurs, des hommes et des partis politiques locaux; franchement, qu'y-a-t-il de nouveau sous le soleil du Tropique du Capricorne ?
Et pourquoi tous ces essais n'ont-ils pas marché au point qu'on inscrive dans un accord politique ce "machin" qui veut tout dire et rien dire qu'on nomme "Destin Commun" ?
Pour se rassurer peut-être !

Pourquoi, qui peut me répondre ?
Qui peut me jurer que grâce à cette "croyance" en un destin commun ( au fait, forcé ou accepté par tous ?), on ne se mettra pas dessus à nouveau ( émeutes, attentats, bloquages, affrontements physiques ou armés ethniques ou sociaux, instabilité politique, dérives économiques, exclusions, nettoyages ethniques ...) ? Est-ce que les signataires de l'Accord qui ont mis cette idée en exergue peuvent me le garantir, ou la République Française signataire de cet Accord également, mais qui nous a montré qu'elle était autant capable de paix que de guerre dans notre petit pays ?

Pour briser là et net cette vision ultra pessimiste je vous propose une première réflexion plus légère, plus imagée, quoiqu'illustrant pleinement ce dernier propos.

Palabre:

Une première réflexion donc. Une problématique matheuse mais signifiante.
Je vous demande de faire appel à quelques notions de géométrie élémentaire pour illustrer mon propos, ainsi qu'à votre capacité à former des images dans votre tête, à votre imagination en quelque sorte.

Les destinées des parties prenantes du "Destin Commun" ne seraient-elles pas semblables à celles de deux, ou trois ou plus, droites parallèles ? Elles peuvent ne jamais se rencontrer ! Sauf peut-être à l'Infini, même si on n'y est jamais allé voir, c'est trop loin; et nous, on est fini. Et pourtant, en perspective, les parallèles se rejoignent ! Non ? Ou c'est une vue de l'esprit (avec lequel je joue, présentement). Avoir une perspective permettrait alors à nos destinées parallèles de se rejoindre, mais où et quand ?

Les destinées de ces parties prenantes de l'histoire écrite ou à écrire de Notre Pays que j'illustre par ces droites parallèles, ne risquent-elles pas de défier la logique euclidienne pour se percuter, si on n'y prend garde, après avoir convergé un temps (les vingt ans du temps des "zaccords" par exemple), pour finir en lignes (de vie) brisées. Ou vont-elles ricocher pour diverger définitivement, s'éloignant sans plus d'espoir de rapprochement étirant un fil (de vie) jusqu'à le briser. Ou vont-elles rester distinctement parallèles, poursuivant le même but, mais à distance, dans la méfiance. Ou vont-elles se confondre, à terme, mais dans le meilleur sens du terme, le sens géométrique, où, tout en gardant leur identité propre, deux droites parallèles ( d1 et d2) peuvent être confondues, tout en étant distinctes; ainsi, ces destinées feraient chemin ensemble...
Comme les Compagnons d'Emmaüs avec un troisième compagnon qu'ils ne reconnaissent pas ?

A la prochaine ... Réflexion.

(*) N'oublions jamais, que même le meilleur des experts , malgré toute l'empathie dont il sera capable, ne pourra jamais se défaire de ce qu'Il est, de ce qui L'a fait, de ce qu'Il a fait (ailleurs bien souvent); c'est toute leur limite, qui ne les déshonore pas pour autant... Pour autant qu'ils l'admettent et qu'ils fassent preuve d'humilité et de modestie (vraies ou fausses ?) ...

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