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jeudi 29 mai 2008

De (l'éco)pain et des jeux(bilés) ...

Je vais encore passer pour un rabat joie face à l'ambiance euphorique actuelle en Nouvelle-Calédonie ( sur le plan médiatique, économique, politique - avec toutes ces commémorations) !!!...
Deux millénaires plus tard, quelque part dans le Pacifique, la formule romaine "du pain et des jeux" fait toujours recette.
En effet, face à la montée irrésistible des prix en particulier du pain et du riz et à la stagnation des salaires (non indexés), le pouvoir trouve la plus vieille des parades:
Mettre en place un pain spécifique destiné aux petits revenus, l'écopain, et, dans le même ordre d'idée, un écoriz.
Faire oublier toutes ces "petites misères" en encourageant médiatiquement et financièrement, le jubilé de Christian Karembeu.
Christian Karembeu a été un grand joueur de foot calédonien et en 1998, (presque) toute la Calédonie a soutenu l'équipe de France. Oui, "presque" toute, car:
Je me souviens très bien qu'à Ponérihouen ou Poindimié par exemple, quand la France jouait contre le Brésil, ou une équipe d'Afrique, beaucoup de jeunes soutenaient les équipes adversaires de la France. Vous devinez pourquoi !?
Je me souviens aussi des mots d'ordre du FLNKS, pendant une longue période dans les années 80, demandant à tous ses militants et sympathisants de ne plus participer aux tournois sportifs ou autres manifestations sportives officiels; avec comme première conséquence une baisse très importante des licenciés dans des disciplines comme le foot-ball ou le volley-ball. Les responsables politiques indépendantistes ne voulaient plus que le sport devienne un prétexte pour détourner le Peuple Kanak de ses revendications fondamentales.

Qu'une équipe de footballeurs retraités milliardaires viennent en Calédonie ne me dérange pas; que ces "lumières brillantes" éblouissent les yeux des enfants calédoniens me gêne un peu; qu'on nous fasse croire que toutes les communautés du Pays sont unies face à cette célébration, je dis STOP! Le sport, j'aime, j'en fais (pas devant la télé, je cours tous les ans le marathon de Nouméa !); MAIS, l'utilisation crypto politique du sport, NON !

Le lendemain de cette superbe tournée, déchanterons-nous face aux difficultés de trop de monde à boucler ses fins de mois, face aux difficultés de nourrir sa famille, face aux difficultés de payer son loyer, face aux difficultés de payer le crédit de sa voiture ... quand on touche moins de 150 000 francs CFP par mois ?

mardi 27 mai 2008

C'était il y a 29 ans ... le 8 mai 1979 ...j'avais 27 ans

Cette fois j'ai scanné un article écrit en 1979 et paru dans le bulletin de l'Union Calédonienne: "l'Avenir Calédonien" N°773:
Bon, puisque l'on est dans les anniversaires et les commémorations et les conférences, je continue moi aussi mes évocations. Je suis jalououououx!!! Michel ROCARD est accueilli en héros, l'homme des Accords Matignon-Oudinot a donné une conférence à guichet fermé, tout le monde voulait l'écouter, certains aussi avaient besoin de se "faire montrer" comme on dit ici auprès de lui ... Peut-être sont-ils déjà en campagne pour les élections provinciales de 2009 !
Pouvoir revendiquer être le meilleur défenseur de l'Accord de Nouméa, ce sera important!
En tout cas, je conteste à Michel Rocard, comme l'a fait le Parti Travailliste, le droit de dire que le concept d'indépendance n'a plus de sens ou de raison d'être, peu importe, effacer ainsi des décennies de luttes et d'avancées dont font partie les accords Matignon et de Nouméa, c'est un peu court ... Lui-même ne serait pas venu faire cette conférence sur les dits accords si le Peuple Kanak ne luttait pas pour l'indépendance ! Lutte qui a contraint l'état français et les anti-indépendantistes locaux à négocier! Maintenant de dire qu'il n'y a plus de véritable indépendance dans un monde interdépendant ... c'est un peu facile et occulte trop vite le droit fondamental de tout peuple à disposer de lui-même, à l'autodétermination !
Mais, Moi, je veux témoigner et illustrer par des éléments concrets comme mes propres écrits en l'occurrence, ce qu'il se passait dans la tête de quelques Calédoniens de bonne volonté, courageux et un peu précurseurs...

Je voudrais illustrer, par les images de l'article scanné ci-dessus, le fait que la volonté de prendre en compte la revendication légitime d'indépendance du Peuple Kanak et la volonté de construire un "Destin Commun", ne datent pas d'aujourd'hui.

Ainsi, je veux rendre hommage aux gens qui comme moi ont toujours lutté pour rendre justice au peuple d'origine, le Peuple Kanak et ont lutté pour plus de justice dans Notre Pays. Ces gens, qui ont fait cette démarche en toute simplicité, sans se renier, ni renier ce qu'ils sont, des descendants de colons certes ... mais pas tous des co...! Loin de là.
Des gens dont la Parole est trop peu écoutée par tous ceux qui, quelle que soit leur origine sociale, ethnique ou politique, pensent avoir toute légitimité pour exprimer la vérité du Pays alors que leur mémoire est parcellaire, tronquée ou courte tout simplement!
Qui est capable de faire la synthèse du savoir, de la mémoire et du pouvoir ?

jeudi 22 mai 2008

Attention! La Calédonie "pônse" fort! "On" réfléchit à l'avenir ...

Colloques, conférences, assises, séminaires, missions et voyages d'études, rapports d'experts, consultations de spécialistes, ...
Je serais curieux de savoir si un pays nous bat dans ce domaine, en heures et coûts rapportés par tête d'habitant !
Depuis quelques années, Notre Pays est devenu un véritable eldorado pour tout ce qui compte de vendeurs de ces marchandises intellectuelles ... pour quelle valeur ajoutée ?
Connaissons-nous si peu Notre Pays, son histoire, sa géographie, son économie, sa composition sociale ?
Sommes-nous incapables de réfléchir par nous-mêmes ?
Manquons-nous tant que cela de cerveaux ?
Sommes-nous incapables de poser nous-mêmes nos problématiques ?
Sommes-nous incapables de méthodologie ?
Mais au fait, le "nous", qui représente-t-il ?
Ce que je veux dire ici, c'est que je vois autour de moi des gens de tous âges, de tous horizons, qui ont une expérience et une connaissance intimes de Notre Pays, qui ont des compétences avérées, qui ont le désir de s'investir pour Leur Pays; mais qui d'une certaine manière, voire d'une manière certaine, sont exclus, écartés de ces réflexions de fond qui les concernent au premier chef ... C'est de ces "nous"-là dont je veux parler !
Ce que je veux dire aussi, c'est qu'ici, la jalousie entre gens du Pays, la crainte que l'autre d'à côté ne prenne notre place, la peur qu'une position durement acquise ne soit remise en question par ce même autre, conduit à faire appel à un autre de "l'extérieur" qui lui saura brosser tout le monde dans le sens du poil, faire le beau, pour mieux s'incruster et imposer sa façon de voir ...!!!???

mardi 13 mai 2008

Anniversaires politiques et historiques en série...

Antescriptum: Il y a dix ans (1998), j'écrivais un essai publié aux éditions "Ile de Lumière": "l'avenir de la Nouvelle-Calédonie en question(s)". A cette occasion, j'offre en dédicace à mes lecteurs Kanak la postface ci-dessus que j'ai scannée et qui fermait cette contribution.

Il y a dix ans (1998) l'Accord de Nouméa était signé puis adopté par le Parlement Français et les "populations concernées" de Nouvelle-Calédonie.
Le Centre Culturel Tjibaou voyait le jour.
Il y a vingt ans (1988) quatre gendarmes, deux militaires et dix neuf militants FLNKS d'Ouvéa étaient tués lors des événements liés à la lutte du Peuple Kanak pour l'indépendance.
Les Accords de Matignon et Oudinot étaient adoptés prévoyant un référendum d'autodétermination en 1998.
Il y a trente ans (1978) L'Union Calédonienne, dans sa motion de politique générale du congrès de Maré (j'y étais!), prenait clairement position pour l'indépendance; en prônant l'autonomie interne en vue de la préparer.
Il y a quarante ans (1968) en France, mai 68 battait son pavé, j'étais en première à Nouméa et j'essayais de comprendre ce qui se passait là-bas si loin aux antipodes. Ici c'était calme (politiquement), par contre économiquement, le "Boum du Nickel" faisait gronder les bulls et les camions sur les mines...sans retenues !
Il y a cinquante ans (1958) la Loi Cadre sur l'Autonomie Interne du Territoire de Nouvelle-calédonie fêtait sa première année avec un Gouvernement présidé par Maurice Lenormand entouré de plusieurs ministres Kanak et Calédoniens...
Chaque année on pourra égrainner, "fêter", commémorer, des dates anniversaires, pour quoi faire ? Quel sens donner à toute cette histoire, à toutes ces histoires ?
J'ai vieilli avec des idéaux qui m'ont porté et enthousiasmé, avec des idéologies qui ont structuré mon désir d'agir, avec des lectures qui ont contribué à me forger des grilles d'analyse du réel ... Pour finalement me laisser sur le bord de la route, plein d'amertume pour les gâchis du passé et d'inquiétude pour cet avenir illisible.
Car c'est bien de cela qu'il s'agit ici, la Nouvelle-Calédonie n'a pas d'avenir, si ce n'est celui à courte vue de beaucoup de nos politiciens locaux reflétant en cela une vision timorée de l'avenir, vision entretenue et partagée avec leurs concitoyens électeurs ! Petites visions pour grande ambition: se maintenir au pouvoir le plus longtemps possible pour en tirer les meilleurs bénéfices...
Alors;
Dans dix ans (2018), on repart pour un nouvel Accord ? On fête les 20 ans du CCT ! Et puis quoi encore ???
Postscriptum: A titre personnel, je n'accepterai pas de repartir, ENCORE (!?), pour un nouvel accord à terme; c'est-à-dire, pour une période donnée qu'elle soit de 10, 20, 30 ans ... Un accord définitif, OUI, un accord à échéance, NON.
Vivre à court terme, ça-suf-fit !!!