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dimanche 19 octobre 2008

Je suis allé dormir près de mon père.

Pseudo-fiction; number one.

Vingt deux heures, je franchis le péage et file vers le Nord. Pleins phares, antibrouillards pour augmenter la clarté du halo des phares. Personne sur la route, en semaine à cette heure je suis tranquille. Et puis cette route que j'ai parcourue des centaines de fois, 300 kilomètres que je connais par coeur.
Marc Knopfler et Emmilou Harris, "All the roadrunning"...

J'ai les larmes aux yeux; gros coup de fatigue, de tout !

Il faut que je bouge, que je roule; route de nuit, celle que je préfère; cette route calédonienne que j'aime, qui me console et m'apaise; jamais elle ne me prendra, mais je la connais et je la respecte. Elle ne tue que les fous, ceux qui ne veulent pas la prendre comme elle est, belle, un peu rude, un peu sauvage, un peu enfermée, parfois tortueuse.
Elle ne blesse que ceux qui la méprisent, ceux qui la prennent pour ce qu'elle n'est pas.
Elle n'est qu'une petite route, d'une grande île, d'un petit pays; il faut la rouler avec douceur.

J'ai décidé d'aller dormir près de mon père, tout à côté de lui, sur cette montagne, dans cette vallée où il dort depuis sept années.

Mon pick-up est chargé, de tout et de rien; il roule bien, sans faiblir; une bonne cadence que j'appuie avec toujours les bons rapports, pour respecter les codes de cette route; ceux qui m'assurent sécurité, qui assurent le rythme, respectent les courbes, évitent les surprises.

Le col des roussettes me trouve avec encore les larmes aux yeux, mais calme, j'ai hâte de retrouver mon père; je garde la cadence; -random- sur "all the roadrunning" toujours, sans ennui, le volume haut pour mieux distinguer et apprécier chaque morceau et ses nuances.

La route en terre enfin; j'irai droit vers lui en arrivant, je ne passerai pas par la maison.

Une heure trente du matin, je descends ouvrir le portail, il fait frais ou froid, le ciel est clair, étoilé. J'enclenche les doubles tractions. Je passe le creek doucement, traverse la petite plaine propre, dérange quelques cerfs et monte vers mon père.
J'ouvre son petit jardin, recule le pick-up.

C'est fini; je suis en paix. Tout est tellement calme et paisible ici. Mon père ne parle pas; il a peu parlé, toujours. Je ne lui dis rien; on écoute les bruits de la forêt tout près, toute noire.
J'ai froid; je sors une bâche et l'étale sur l'herbe, m'enroule dans une serviette et me glisse dans la bâche.
A côté de mon père, à regarder les étoiles...
Je suis en paix, enfin.
Je sais que je retournerai, à Nouméa.
Demain.

1 commentaire:

allun faalder a dit…
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