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jeudi 30 juillet 2009

Quelle destinée pour le "Destin Commun": 4ème réflexion.

J'avais rêvé d'une petite nation authentiquement du Pacifique, pacifique, multicolore, métissée, constituée autour du Peuple d'Origine, le Peuple Kanak ...
J'avais rêvé !
C'est pour militer en faveur de la réalisation de ce ce rêve que j'ai adhéré et milité dans l'Union Calédonienne dès 1977.
Mon rêve sera-t-il brisé contre les récifs de l'histoire calédonienne? L'est-il déjà ?
Et un de ces récifs est constitué par une immigration récente importante.

En quoi l'arrivée massive d'immigrants (j'évoque ici toutes les immigrations de toutes origines) en Nouvelle-Calédonie peut-elle avoir une influence sur la construction d'une communauté de destin ?
20 000 personnes arrivées en 10 années ! Et si on y ajoute celles arrivées entre 1988 et 1998 ...
On a à la louche plus de 30 000 personnes arrivées dans les 20 dernières années sur le Territoire pour une population évaluée à 230 000 habitants à l'heure actuelle. En paraphrasant Max Chivot qui avait étudié "l'impact d'un investissement massif sur une économie de petite taille" en rapport avec l'économie du nickel en Nouvelle-Calédonie je poserais la question sous un angle similaire: Quel peut être l'impact d'une immigration massive sur une population de petite taille ?
Ces mouvements migratoires ramenés à la population française se monteraient à presque 10 millions de personnes en quelques années ! Ce serait énorme, mais l'impact resterait moins important relativement aux 66 millions d'habitants de la France.
Des arrivées de population en Nouvelle-Calédonie, il y en a toujours eues; c'est de leur importance en effectif dont il s'agit ici, dans des périodes de temps relativement courtes et en rapport avec une population locale peu nombreuse. C'est cet impact-là qui me fait réfléchir; impact mis en relation avec les ambitions affichées de la classe politique locale et du gouvernement central de permettre la construction d'un"Destin Commun" à toutes les communautés du Pays ... Ce n'est que dans ce sens que cette immigration peut poser un problème, pas pour ce qu'elle peut constituer comme espoir d'une vie meilleure pour ces hommes et ces femmes qui arrivent en Nouvelle-Calédonie.
La responsabilité de l'Etat Français dans la situation actuelle est grande, très grande.
Il semblerait que celui-ci ait toujours considéré la Nouvelle-Calédonie comme une colonie de peuplement, même si ces mots sont maintenant bannis de son vocabulaire ou de celui de ses représentants ou du vocabulaire politique local !
En Nouvelle-Calédonie, la France a depuis 40 ans tenu un double langage et pratiqué la double action: Reconnaître la large autonomie politique du Territoire néo-calédonien, voire même la développer tout en favorisant l'arrivée de populations métropolitaine, wallisienne et futunienne, tahitienne ou encore asiatique.
Rappel:
Dans les années soixante et soixante dix, le "Boum" du nickel a vu débarquer nombre de ces populations venues chercher fortune. Dans ces années-là déjà et jusqu'à la fin du Service Militaire Obligatoire, les jeunes militaires français, d'active ou Volontaires à l'Aide Technique, ont débarqué en masse à Nouvelle-Calédonie accomplir leurs obligations militaires ... Et y rester leur service accompli ! Avec la bénédiction du Gouvernement français je suppose. L'Education Nationale a été l'autre grande pourvouyeuse de peuplement récent: Avec la scolarisation de plus en plus d'enfants en particulier kanak dans l'enseignement public et le développement des collèges à Nouméa mais surtout, et c'était nouveau, dans l'intérieur et les îles, les enseignants métropolitains sont arrivés "en masse", pour des périodes contractuelles de quatre ans renouvelables avant de se transformer en enseignants résidents pour y terminer leur carrière indexée. Après des années 90 plus calmes (les Evénements étaient passés par là), l'Accord de Nouméa établi pour 20 ans a de nouveau dopé le courant migratoire vers la Nouvelle-Calédonie; alors même que l'Etat Français et ses partenaires RPCR et FLNKS concevaient une citoyenneté calédonienne rassurant les indépendantistes, mais peut-être aussi les endormant; tout à la gestion des deux provinces qu'ils dirigent quasiment sans partage. Comme celle du sud l'est par les loyalistes.

Double langage-double action ! Toujours.

Ce petit rappel de notre histoire récente pour expliquer que Notre Pays continue à vivre une course de lenteur effrénée où les indépendantistes obtiennent de réelles avancées de l'Etat Français pendant que celui-ci encourage (ou les laisse se développer) des dispositifs piégeux pour un avenir harmonieux de la Nouvelle-Calédonie. Dispositifs (le dernier en date étant la pseudo "continuité territoriale" (laissant croire que la France et la Calédonie sont un seul et même territoire !!!) qui permet de faire prendre en charge par l'Etat une partie du coût d'un billet d'avion entre la France et la Nouvelle-Calédonie), dispositifs donc sur lesquels surfent sans vergogne les tenants de "La Droite dite Locale"; qui s'est appropriée sans sourciller toutes les avancées autonomistes conquises par les indépendantistes tout en fustigeant les mêmes tenants de l'indépendance.
Et l'Accord de Nouméa est devenu un énorme piège !
Comme cela a été le cas au terme des Accords de Matignon-Oudinot où les populations arrivées en Nouvelle-Calédonie entre 1988, début de l'Accord, et 1998, ont été intégrées dans le corps électoral spécial; il faudra bien tenir compte de tous ces nouveaux arrivés entre 1999 et 2019 (déjà quasi 20 000 personnes) et leurs descendants, de quelle manière ? ...
Ce ne sont pas ces gens-là "le piège" (à moins qu'ils décident d'alimenter des milices comme on en a connues dans les années 80), c'est la situation considérablement compliquée dans laquelle nous allons nous trouver de nouveau (et une fois de plus pour moi qui en ait connue que trop) ...
L'impact de cette récente immigration massive s'exprime en termes d'impossibilités d'intégration de la culture des nouveaux arrivants (voire d'incompatiblités) à une culture commune à peine esquissée entre les plus anciennes communautés !
Et contrairement à ce qui pourrait faire fausse interprétation, j'évoque ici les cultures migrantes autant métropolitaine que wallisienne et futunienne ou autre "domtomienne".

Et trop de ces gens sont chargés d'organiser Notre Vie dont ils ne connaissent RIEN, prenant toute référence dans ce qu'ils savent et sont, étranges étrangers; quand les anciens colons et leurs descendants se sont acculturés, vivant les cases en terre battue, les conflits avec leurs voisins kanak, la proximité houleuse ou bonenfant; quand les kanak ont pris le temps de cerner ces derniers, pour mieux les appréhender ...

La boucle est bouclée et mon rêve s'étiole ... L'impact de cette grosse et longue vague est déjà dévastatrice.
Sur quels fondements culturels va s'établir cette soi-disant communauté de destin, quand chaque communauté voudra assurer sa prééminence, sa survie, son droit "inaliénable", sa culture ...
La France, dans son immense mansuétude, en a décidé autrement; la Nouvelle a été terre de bagne, de colonisation, d'enfermement, d'enrichissement individuel, de rayonnement (à la Kouchner ?), de luttes âpres; elle le restera, dans l'intérêt supérieur de l'Etat (français).

J'avais cru en l'Accord de Matignon, envisagé le rêve de Jean-Marie Tjibaou; j'avais accepté l'Accord de Nouméa, en espérant ...
Que ferons-nous de ces dix années qui restent ? De quoi seront (in)capables ces jeunes (déjà vieux) dans leur tête et leur posture) apparatchiks aperçus dans le forum "2025" sur TNC, jeudi 23 août dernier, nuls, mais champions de la langue de bois, qui devront inventer notre futur ?
.../...
Cette réflexion sur le Destin Commun sera peut-être la dernière ! Continuer à l'alimenter c'est faire croire qu'il est encore possible.
LEURRE !
C'est foutu ! La Calédonie restera un pays d'échecs et de chocs, de méfiances et de défiances.

P.S. La lutte est loin d'être finie !

2 commentaires:

Anonyme a dit…
Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.
Eric H DOUYERE a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.