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mardi 23 novembre 2010

De La Mémoire, de la mémoire, et ... Des mémoires calédoniennes !

Les mémoires; de quoi parle-t-on ?
De la faculté de conserver et de rappeler des états de conscience passés et ce qui s'y trouve associé.
De l''esprit, en tant qu'il garde le souvenir du passé.
De l'aptitude à se rappeler spécialement certaines choses.
De la conservation dans le cerveau d'impressions qui continuent à influer sur notre comportement sous formes d'habitudes.
De la faculté collective de se souvenir.
Et aussi:
De la mémoire affective, la mémoire sélective, la mémoire à court terme, la perte de mémoire, les troubles de la mémoire et ... De l'amnésie, par opposition.
(Extraits du Petit Robert).
Et gardez en mémoire ces définitions pendant que vous lisez la suite, pour que cette suite ait tout son sens jusqu'au bout !

La Mémoire que j'aime:
La mémoire, c'est parfois cette plage sur laquelle les vagues viennent s'étaler , pour en effacer les traces laissées par quelqu'histoire ...
La mémoire ce sont ces anticlinaux et ces synclinaux qui racontent l'évolution géologique mouvementée de la terre.
La mémoire ce sont ces fossiles où la vie rencontre la matière pour être transmise aux générations futures.
La mémoire c'est cette lumière qui nous vient du fond de l'Infini du ciel pour nous donner à voir ce que nous ne pourrons jamais voir "en vrai" et nous raconter l'Univers ... Et nous ramener à notre humaine petitesse.
La mémoire nous échappe parfois, elle est libre, autonome, elle se rappelle à nous la nuit, dans les rêves ou les cauchemars.
La mémoire nous oublie souvent; elle nous perd, elle égare nos mots ou nos pensées !
La mémoire se raconte par Nos Vieux, déformée, reformée, réformée, sublimée.
La mémoire, c'est UN mémoire, pour donner à réfléchir sans fléchir, une pensée organisée, structurée et fondée.

Que dire de la Mémoire et des mémoires dans notre pays, la Nouvelle-Calédonie ?
Que dire de ces impressions qui ont été conservées dans les cerveaux Calédoniens
Que dire de l'aptitude à se rappeler spécialement certaines choses en Nouvelle-Calédonie ?
Que dire de la faculté collective de se souvenir en Nouvelle-Calédonie ?
QUI se souvient de QUOI, en Nouvelle-Calédonie ?
Cette dernière question, comme les trois précédentes ne sont pas si anodines qu'elles paraissent.
Démonstration:
Un homme de soixante ans, est né en 1950, il peut se rappeler ce qu'il a vécu ces cinquante cinq dernières années, en Nouvelle-Calédonie ( ou ailleurs pour certains), il peut se rappeler aussi ce que son père, peut-être né en 1910, a pu lui raconter de ce qu'il a lui-même vécu, et se souvenir de ce que son grand-père né en 1870 lui disait de sa propre vie.
Cela signifie que les impressions laissées par leur passages peuvent être encore fortes dans les têtes des uns et des autres. Les souvenirs des colons et de leurs descendants peuvent être encore vifs ... Ceux des Kanak actuels, descendants des Vieux Kanak, vifs également; d'autant plus que la tradition orale conforte cette aptitude à se rappeler spécialement les choses.
Les épisodes de l'histoire calédonienne imprègnent probablement encore beaucoup de cerveaux actuels et vivants, jeunes par transmissions, moins jeunes ou vieux par transmission et par vécu :
Les dégâts de la colonisation causés chez les Kanak;
La dureté de la vie des colons éparpillés en Brousse;
Le bagne;
Les spoliations foncières;
Les insurrections kanak et leurs répressions comme la peur qu'elles ont pu susciter chez les colons;
Le travail forcé des javanais dans les caféries et celui des Vietnamiens sur les mines
Mais aussi:
Des traditions kanak ou néo-calédoniennes;
Les cultures;
Les petites histoires et les souvenirs.
Tout cela n'est pas si loin que nous ne les avons effacés de notre cerveau ! Ces souvenirs, ces impressions, ces habitudes de penser, sont toujours vivaces.

Que fait-on de Ces Mémoires, individuelles ou collectives, en ce début de 21ème siècle ? 
C'est sur ces strates de mémoires que la Citoyenneté aurait pu (dû ?) être fondée !
Et c'est aussi ici qu'intervient la problématique du volume des flux migratoires (qu'ils soient d'origine métropolitaines ou domtomiennes) ! Comment sont prises en compte ces Mémoires Anciennes quand ceux qui les portent sont (ou se sentent ?) noyés par un nombre proportionnellement important de "Mémoires Courtes", c'est-à-dire de mémoires qui ne recouvrent qu'un instant historique court de la Nouvelle-Calédonie. On veut construire un pays, mais "les approches pays", c'est-à-dire cette sensibilité "locale", née d'une prise en compte de ces mémoires vécues et vivantes, sont-elles valorisées ?
Le modernisme, le progressisme, le mondialisme justifient-ils le sacrifice de ces pans de mémoires installées dans des petits coins de notre cerveau ?
Nous avons un gros problème en Nouvelle-Calédonie avec "ça" ! Nous n'avons pas de Mémoire Commune. Et nous ne savons pas ou ne voulons pas reconnaître UNE mémoire commune sur laquelle nous bâtirions notre avenir; ou du moins nous avons chargé "le Destin Commun" ou cette "Communauté de Destin" de devenir cette mémoire commune qui nous manque tant.
En quelque sorte nous avons assigné au Destin Commun le devoir de construire et de devenir avant même d'exister, notre passé commun !!!
Paradoxal: l'oeuf-Destin Commun devient la poule-mémoire commune qui crée l'oeuf-destin commun qui crée la poule ...!
N.B. Je ne confonds pas dans ce billet La Mémoire des femmes et des Hommes de Notre Pays avec l'histoire de la Nouvelle-Calédonie enseignée à l'école ... L'évocation du passé n'est pas de la même nature pour l'une et pour l'autre.

Post-scriptum du 1er décembre 2010:
Dans cette évocation des mémoires j'ai omis volontairement la période dite des "Evénements" de 1984/1988; non pas qu'ils soient absents de mes souvenirs, bien au contraire, mais leur rappel fréquent finit par occulter, ou les renvoyer dans les limbes d'une mémoire vague, ces périodes plus anciennes dans nos mémoires et qui ont peut-être engendré ces "Evénements".

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